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Universal Studios, 100 ans de cinéma
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Détails sur le produit
Relié: 280 pages
Editeur : La Martinière (8 novembre 2012)
Collection : Art et spectacle
Langue : Français
ISBN-10: 2732453927
ISBN-13: 978-2732453927
Dimensions du produit:
24,9 x 2,7 x 30,8 cm
Moyenne des commentaires client :
4.5 étoiles sur 5
2 commentaires client
Classement des meilleures ventes d'Amazon:
626.801 en Livres (Voir les 100 premiers en Livres)
Tout admirateur du cinéma hollywoodien de la grande époque se doit de posséder cet ouvrage de référence abondamment illustré de surcroit.
Tous les amateurs de cinéma qui aiment son passé savent que si l'on a pris l'habitude en France de mettre l'accent sur le metteur en scène, la création cinématographique est non seulement plus collective, voire tributaire d'un groupe donné, mais qu'elle a surtout été chapeautée en de maints endroits et pendant assez longtemps par un système de production qui a plus que sa part dans l'élaboration des oeuvres. Les studios américains - les "mines de sel" pour reprendre le mot de William Faulkner, qui fut lui-même un temps scénariste à Hollywood - en sont évidemment une des formes les plus achevées.Consacrer des livres aux studios américains a déjà été fait, mais comme c'est moins le cas en France qu'aux Etats-Unis, on ne peut que se réjouir de l'arrivée de ce livre sur la Universal pour son centenaire - Jean-Pierre Coursodon avait signé un très bon catalogue sur La Warner Bros. il y a une vingtaine d'années. Comme le risque avec ce genre d'ouvrage est bien entendu qu'il s'agisse uniquement d'un livre-hommage, voire carrément promotionnel, précisons tout de suite que ce n'est absolument pas le cas. Certes, Universal a apparemment donné sa caution et sans doute aidé à ce que le livre se fasse, mais à lire les textes proposés par de multiples collaborateurs sous la houlette du directeur de la programmation de la Cinémathèque française Jean-François Rauger, on oublie ses craintes. Il s'agit bien de textes d'historiens du cinéma, toujours renseignés, parfois relativement neutres, parfois marqués au sceau d'une sensibilité qui se met plus en avant, mais jamais serviles. Dans tous les cas, si ce livre n'est de toute évidence pas là pour débiner les pratiques du studio à tous les tournants, il n'est pas non plus conçu pour tresser des couronnes au génie de producteurs visionnaires. Dans l'ensemble, le livre a réussi à trouver un bon équilibre : hommage à un système et à ce qu'il a produit, de fait, mais sans chercher plus que de raison à masquer ses travers (utilisation de formules, faible goût du risque à certaines périodes, etc).Pour plus d'un cinéphile qui connaît pas mal la production des décennies où les studios marchaient à plein régime, le studio préféré est au choix la MGM (pour ses films de prestige et le style généralement chatoyant de ses productions) ou la Warner (ne serait-ce que pour l'extraordinaire qualité de ses fleurons des années 30 : films noirs, de gangsters, sociaux...). Spontanément, la Universal reviendra moins sur le tapis, tout simplement parce que 'la plus petite des majors' était moins marquée, par des stars et des metteurs en scène en contrat avec elles, par des choix esthétiques, voire un look. Ce que le livre permet de mieux apprécier, c'est non seulement le nombre de films importants produits par le studio, mais également ses évolutions en fonction des figures majeures qui présidaient à ses destinées.Sous la direction de son premier patron, Carl Laemmle, le parti-pris est de produire à la chaîne des films de genre de deux bobines que l'on peut exploiter partout dans l'Amérique des petites villes et rurale. C'est sous l'impulsion du très jeune Irving Thalberg - le 'Boy Wonder', modèle principal de Francis Scott Fitzgerald pour son personnage de Monroe Stahr dans Le dernier nabab - puis du fils de Carl Laemmle que le studio se place sur le terrain de productions plus ambitieuses (Le Bossu de Notre-Dame, Le Fantôme de l'opéra, les films d'Erich von Stroheim, à la démesure desquels Thalberg met assez vite un frein), tout en continuant les serials. Dans les années 30, ce sont en premier lieu les 'films de monstre' qui font la réputation du studio, Dracula et Frankenstein en tête. Emergent alors les metteurs en scène les plus représentatifs de ce studio : James Whale, réalisateur des deux Frankenstein des années 30, mais également de L'homme invisible et de films fort différents (comédies, musicals, etc) ; John M. Stahl, le prince du mélodrame, dont la plupart des films majeurs feront l'objet de remakes dans les années 50, en particulier par celui qui deviendra lui aussi une personnalité marquante du studio et l'auteur maison de mélodrames, Douglas Sirk ; Robert Siodmak, qui explore diverses formes du film criminel pour le studio en y adaptant les formes de l'expressionnisme allemand ; Anthony Mann, dont les westerns ont été réalisés par une équipe soudée (producteur, scénariste, acteur principal) et qui forment de fait un corpus compact, ce qui n'arrivait finalement que peu dans le cinéma hollywoodien ; Jack Arnold, dont les films fantastiques (L'homme qui rétrécit) et de monstres (L'étrange créature du lac noir, Tarantula) des années 50 sont parmi les meilleurs d'une décennie qui n'en a pas été avare ; Alfred Hitchcock, qui hélas est un peu contraint après Les Oiseaux, film pour lequel il rejoint Universal, et dont la création ne trouve pas franchement à s'épanouir dans ce studio. Il faut dire que c'est le moment de la crise pour les studios, et le dernier qui arrive à se former dans le système - ou en tout cas ce qu'il en reste - est Steven Spielberg, qui même s'il a créé ses propres structures et travaillé depuis pour d'autres groupes, reste en grande partie fidèle à cette maison qui l'a accepté en son sein alors qu'il était tout jeune et prêt à gravir les échelons en partant du bas.Chacun de ces metteurs en scène a droit dans la 2ème section du livre à quatre pages qui leur sont spécifiquement consacrées. Pratiquement un auteur pour chaque, et l'on n'est pas surpris de voir que c'est Bernard Eisenschitz qui a rédigé le chapitre sur Erich von Stroheim, Pierre Berthomieu celui sur Steven Spielberg, mais aussi ceux consacrés à John Stahl et Douglas Sirk, Serge Chauvin celui à Robert Siodmak... Bref, Jean-François Rauger a su choisir ses collaborateurs, et pour cette partie-là comme pour celle qui précède - un petit chapitre sur chacun des producteurs majeurs - et celle qui suit - un éclairage sur les "stars, monstres et séries" favorisés par le studio - les contributions sont à la fois synthétiques et proposant des détails intéressants, voire de brèves analyses esthétiques qui font que l'on ne se cantonne pas à l'histoire des conditions de production. Dans la partie dévolue aux "Stars, monstres et séries", on apprend des choses non seulement sur les sérials, mais aussi sur des stars et productions maison bien oubliées aujourd'hui (la jeune chanteuse Deanna Durbin, et "Francis le mulet qui parle" - ancêtre du plus connu Mister Ed, cheval télévisuel encore beaucoup rediffusé aux Etats-Unis - qui à eux deux ont plus ou moins sauvé le studio de la faillite à un moment critique).Si je trouve ces trois sections bien conçues et constamment intéressantes, c'est à mes yeux moins le cas de la dernière section, qui résume les 100 ans de production en 100 films (+1). Pas seulement parce que je trouverais la sélection pas à mon goût, il n'est jamais possible que ce soit absolument le cas. D'ailleurs, jusqu'aux années 70, elle me semble fort bonne, et permet de mettre en valeur aussi bien les oeuvres considérées aujourd'hui comme les meilleures, mais aussi les plus représentatives du studio lui-même ou bien de l'époque où elles ont été produites. En revanche, quand bien même le studio n'aurait pas du tout le même fonctionnement depuis lors, je trouve quelque peu étrange que les 30 dernières années se résument à deux films, et que ceux-ci soient Gladiator et King Kong. Non pas qu'ils ne soient pas représentatifs ou n'aient pas leur place, mais sur 30 ans, il y avait peut-être plus et mieux à trouver. Par ailleurs, dans la présentation ci-dessus, il est indiqué qu'Universal a contribué à faire émerger des talents modernes avec des films comme Portrait d'une enfant déchue de Jerry Schatzberg : où figure-t-il dans le livre? Etait-il besoin de donner 2 pages à un film comme Francis alors que 2 pages (excellentes, signées Jean-Pierre Bouyxou) étaient déjà consacrées à l'ensemble des films de la série dans la section précédente? Comme les films sont par ailleurs éclairés sur une page - s'il y en a une 2ème, il s'agit généralement d'une photo pleine page - avec des indications assez limitées ne rendant pas toujours assez compte de leur importance, je n'y trouve pas autant mon compte qu'avec la première moitié du livre.Raison pour laquelle j'enlève une étoile à cet ouvrage, que je recommande néanmoins vivement à tous ceux qui s'intéressent d'un peu près au cinéma américain. Il fait fort bien son office, en cela qu'il mêle le plaisir de la reconnaissance à la stimulation de la (re)découverte. Les textes, en tout cas dans la 1ère partie, sont à même d'éclairer des lecteurs qui ne s'y connaissent pas plus que cela et de passionner les connaisseurs. L'iconographie est excellemment choisie, les photos bien reproduites pour la plupart.Je ne sais pas qui a eu l'initiative du livre, mais de toute évidence Universal sort grandie d'un tel traitement, alors qu'un simple livre-hommage qu'elle aurait intégralement concocté elle-même n'aurait eu que peu d'intérêt et de portée. Merci à la Cinémathèque française et au maître d'oeuvre Jean-François Rauger d'en avoir équilibré l'approche. Même si je ne suis pas pleinement convaincu jusqu'au bout, le livre m'a semblé pertinent et bien conçu. Une suite s'impose à l'occasion des anniversaires des autres studios...
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